Style des années 1910 : l’évolution de la mode au début du XXe siècle

L’abandon du corset rigide en 1914 n’a pas immédiatement conduit à une silhouette fluide. Malgré les bouleversements sociaux et l’entrée des femmes sur le marché du travail, les codes vestimentaires ont longtemps résisté à la modernité.

Alors que la Première Guerre mondiale bouleverse les habitudes, les coupes évoluent sans jamais totalement rompre avec la tradition. Certaines figures, loin de suivre la norme, imposent des choix radicaux et influencent durablement les générations suivantes.

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Les années 1910 : une décennie de transition pour la mode

Paris bouillonne. Dès la première moitié de la décennie, la mode féminine se détache, pas à pas, de la Belle Époque. Les lignes gagnent en liberté, la taille se relâche, mais le passé ne cède pas si facilement. Paul Poiret, visionnaire, frappe fort : il brise le corset, ose le pantalon harem, la jupe à boitiller, la tunique à abat-jour. Aux côtés de Denise Poiret, incarnation flamboyante de cette modernité, il fait voler en éclats l’image figée de la femme corsetée. L’heure est à l’audace, à la recherche d’une féminité moins contrainte.

Paris s’impose alors comme le véritable laboratoire de la création vestimentaire. Les maisons de couture rivalisent, les idées fusent. Coco Chanel bouleverse les règles du jeu : elle introduit le tailleur en jersey, bannit le corset, ouvre sa première boutique. Jeanne Paquin invente le défilé de mode, Jeanne Lanvin affine ses robes aux coupes inventives. Jacques Doucet insuffle de la fluidité, Mariano Fortuny révolutionne les matières avec ses plissés, Worth propose des robes du soir avant-gardistes. L’inventivité règne.

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Pour mieux saisir ces évolutions, voici les grandes tendances qui marquent la décennie :

  • Abandon progressif du corset au profit de lignes naturelles
  • Émergence de silhouettes droites et androgynes
  • Influence grandissante de l’orientalisme et des arts décoratifs

Les pages de La Gazette du Bon Ton décryptent ces nouveaux élans, tandis que le musée des Arts Décoratifs expose aujourd’hui ces robes charnières. La mode se fait terrain d’expérimentation, oscillant entre l’héritage Belle Époque et les aspirations d’une société en pleine mutation. On hésite, on avance, mais la révolution est en marche.

Comment les guerres et les mouvements sociaux ont bouleversé les codes vestimentaires ?

La Première Guerre mondiale bouscule les apparences et les mentalités. Les besoins du quotidien prennent le pas sur la parure. Les femmes, investies de nouveaux rôles dans les ateliers et les bureaux, réclament des vêtements adaptés. Exit les tissus précieux : la praticité s’impose, la coupe se simplifie, le corset disparaît des garde-robes. Les jupes raccourcissent, le vêtement doit désormais accompagner le mouvement, non l’entraver. La transformation ne s’arrête pas au vestiaire : elle traduit une profonde évolution sociale.

La guerre accélère la métamorphose. Oubliées les extravagances Belle Époque, la silhouette devient droite, la taille s’efface. Les manteaux croisés, les jupes qui frôlent la cheville, tout cela s’impose peu à peu. Les couleurs s’assombrissent, la mode reflète le deuil et l’austérité ambiante. Les matières changent aussi : le jersey, le coton ou la toile gagnent du terrain, faciles à laver, économiques, faits pour la vie active.

Voici ce qui caractérise cette période inédite :

  • Simplification des vêtements : nécessité imposée par la guerre
  • Évolution des mœurs : accès au travail, autonomie accrue
  • Influence des mouvements sociaux : affirmation progressive de l’égalité

La mode devient ainsi un miroir implacable de son temps. Loin d’être figée, elle s’adapte, innove, détourne les codes pour coller à une époque où le vêtement se fait outil et manifeste. À travers ces contraintes, la créativité se fraie un chemin, notamment dans la coupe ou le choix des matières. La Première Guerre mondiale laisse une empreinte indélébile sur l’histoire du costume en France.

Styles et innovations : ce qui distingue la mode féminine et masculine du début du XXe siècle

Du côté des femmes, la décennie marque une cassure nette avec le passé. Le corset disparaît, la silhouette s’allonge, le corps se libère. Paul Poiret fait sensation avec ses jupes à boitiller, ses pantalons harem, ses tuniques à abat-jour. Denise Poiret en devient l’ambassadrice, imposant un style radicalement neuf. Chanel, quant à elle, impose le tailleur en jersey et fait de la robe noire une signature, une déclaration d’indépendance. La simplicité et la fonctionnalité deviennent synonymes de raffinement.

Les matières évoluent : fini les étoffes pesantes, place aux tissus fluides, aux plissés de Fortuny, aux innovations textiles. Jacques Doucet et Jeanne Lanvin travaillent les lignes, explorent les volumes, cherchent le juste équilibre entre sophistication et aisance. Ce vent d’avant-garde s’empare des créateurs, qui puisent dans l’art déco et les influences venues d’ailleurs pour redéfinir la féminité.

Chez les hommes, le changement est moins brutal mais bien réel. Les costumes sombres, les cols rigides dominent encore, pourtant une volonté de confort et de modernité s’installe peu à peu. Les étoffes s’allègent, la coupe s’assouplit, la notion d’habit dégagé fait doucement son chemin. L’élégance se fait moins démonstrative, la distinction s’exprime désormais dans la sobriété et la qualité des matières.

mode vintage

Icônes et créateurs marquants : figures qui ont façonné l’élégance des années 1910

La décennie ne serait rien sans celles et ceux qui ont osé bousculer les habitudes. Paul Poiret, chef de file, libère la femme du corset et impose une mode fluide et inspirée de l’Orient. Sa muse, Denise Poiret, incarne à merveille cette révolution, véhiculant le pantalon harem et la jupe à boitiller dans les rues de Paris. Poiret ne dessine pas seulement des vêtements, il façonne une nouvelle identité féminine, où mouvement et liberté deviennent les véritables ornements.

Coco Chanel, quant à elle, change la donne. Avec son tailleur en jersey, elle simplifie la silhouette, fait table rase de la surcharge décorative, et impose une élégance accessible et moderne. Supprimer le corset n’est plus une provocation, mais une évidence. Sa robe noire devient un emblème. Son installation à Paris achève de consacrer la capitale comme épicentre de la mode nouvelle.

Derrière ces deux figures, d’autres noms brillent. Jeanne Paquin invente le premier défilé de mode, Jeanne Lanvin imagine des robes aux coupes inventives, Lucile (Lady Duff Gordon) exporte son savoir-faire jusqu’à New York. Mariano Fortuny, lui, transforme la matière en lumière avec ses plissés et ses teintures. Jacques Doucet, Worth, chacun à leur manière, participent à cette effervescence créative.

Pour résumer l’influence de ces pionniers, voici les grandes signatures qui ont marqué la décennie :

  • Paul Poiret : l’avant-garde et l’orientalisme
  • Coco Chanel : la modernité pragmatique
  • Jeanne Lanvin : l’inventivité des coupes
  • Mariano Fortuny : l’innovation textile

Ensemble, ils transforment Paris en laboratoire à ciel ouvert, où le vêtement devient l’expression d’une société en pleine métamorphose. La mode des années 1910 porte la trace de ces audaces : elle n’est plus un carcan, mais une invitation à inventer son époque.

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