26 ans séparent la première collection de Karl Lagerfeld chez Chanel et l’arrivée de Matthieu Blazy à la direction artistique. Ce chiffre seul suffirait à mesurer la rareté du moment. La maison aux deux C, jalouse de ses rituels, s’offre un virage qui fait déjà trembler les lignes.
Des voix s’élèvent : Matthieu Blazy n’a jamais foulé les couloirs d’une maison française avant ce saut chez Chanel. Un choix qui intrigue et qui, en interne comme à l’extérieur, surprend par son audace. Chanel, fidèle à ses habitudes, préfère traditionnellement piocher parmi ceux qui connaissent ses codes sur le bout des doigts. Ce coup de poker, décidé par le comité exécutif, vient rebattre les cartes et laisse la place à toutes les spéculations.
Qui est vraiment Matthieu Blazy ? Portrait d’un créateur discret mais incontournable
Matthieu Blazy, fraîchement propulsé à la tête de Chanel, n’a jamais cherché la lumière. Franco-belge, il a façonné son œil entre Bruxelles et Paris, loin du tapage médiatique. Son parcours se dessine dans l’ombre des plus grands, où il a cultivé une exigence et une rigueur qui ne laissent rien au hasard.
Son parcours est jalonné d’étapes décisives. Aux côtés de Raf Simons, il affine un sens du détail sans concession, puis s’imprègne de l’audace minimaliste de Phoebe Philo chez Céline. Daniel Lee l’invite à Milan pour repenser l’identité de Bottega Veneta. Là, Blazy prouve qu’il sait moderniser un patrimoine sans jamais tomber dans le spectaculaire facile.
Voici ce qui rend son profil si singulier :
- Une trajectoire internationale, des studios anversois jusqu’à la rue Cambon
- Des collaborations étroites avec des figures visionnaires de la mode
- Une connaissance pointue du cuir, du tailoring et des savoir-faire artisanaux
Sa nomination ne doit rien au hasard. Chanel, en quête de souffle nouveau, s’est tournée vers ce créateur à la trajectoire hybride. Blazy, discret, laisse ses créations parler pour lui. Dans les ateliers, il se distingue par sa capacité à fédérer, à écouter, à bâtir une vision cohérente sans jamais chercher le devant de la scène. L’association Chanel–Matthieu Blazy intrigue : il n’est ni l’héritier d’un style, ni le clone d’un prédécesseur. Il représente une génération qui préfère bâtir dans la durée, loin des projecteurs et des effets de manche.
Chanel à la croisée des chemins : pourquoi ce choix maintenant ?
Depuis le départ de Virginie Viard, Chanel se retrouve à un moment de bascule. Après la longue ère Lagerfeld, la maison a déjà traversé une phase d’incertitude, chaque défilé devenant un test, chaque silhouette une prise de position. Désigner un nouveau styliste, c’est répondre à bien plus qu’une question de continuité : c’est redéfinir une stratégie globale.
Chez Chanel, la direction artistique rayonne bien au-delà des podiums. Elle façonne l’image, les produits, l’aura de la marque à l’international. Bruno Pavlovsky, chef d’orchestre des activités mode, pilote cette période de transition. Il ne s’agit pas de tout renverser, mais de trouver l’équilibre entre héritage et désir de nouveauté. Il faut composer avec des clients du monde entier, toujours plus exigeants, tout en maintenant le rang de Chanel dans le panthéon du luxe.
La pression ne cesse de monter. Face à LVMH, Kering ou Richemont, la cadence s’accélère, les attentes grandissent. Digitalisation, responsabilité sociale, authenticité : le secteur évolue vite. En choisissant un créateur formé auprès des plus grands, Chanel affirme sa volonté de rester à la pointe, sans sacrifier ce qui fait sa force. La rue Cambon s’apprête à tourner une page, en restant fidèle à l’esprit qui l’a portée sur le devant de la scène mondiale.
Ce que l’arrivée de Blazy pourrait changer dans l’ADN de la maison
L’entrée de Matthieu Blazy chez Chanel pourrait bien transformer en profondeur la manière dont la marque fait dialoguer passé et présent. Formé à l’école des métiers d’art, passé par les ateliers de Raf Simons et Phoebe Philo, Blazy avance sans bruit, porté par une vision claire. À la tête de Bottega Veneta, il s’est fait remarquer pour sa capacité à réinventer les classiques, à insuffler de la sensualité dans la rigueur, à surprendre sans jamais forcer le trait.
Son approche se distingue par une attention extrême au détail, à la matière, à la coupe. Le geste est sobre, le résultat, souvent saisissant. On peut s’attendre à ce qu’il mette en lumière certains savoir-faire historiques de Chanel, revisite la collection métiers d’art, et fasse de la Fashion Week un laboratoire de dialogues inédits entre tradition et innovation. Voici quelques pistes que laisse entrevoir son arrivée :
- Donner une place accrue aux ateliers historiques de la maison Cambon
- Ressusciter des techniques ou des savoir-faire parfois délaissés
- Travailler volumes, matières et lignes pures avec une exigence nouvelle
Les observateurs attendent de voir jusqu’où Blazy saura insuffler une énergie nouvelle sans jamais rompre avec l’ADN de la maison. Chanel reste la référence, l’étalon d’un luxe qui ne cesse de se réinventer. Sa prochaine collection sera scrutée à la loupe : chaque choix, chaque détail, sera jugé à l’aune de cette quête d’équilibre entre héritage et réinvention.
Entre héritage et renouveau : quelles attentes pour la première collection Chanel signée Blazy ?
L’arrivée de Matthieu Blazy chez Chanel fait l’effet d’une secousse calme mais profonde. La maison, tendue entre fidélité à son histoire et envie de renouvellement, s’apprête à dévoiler une première collection qui cristallise toutes les attentes. Il lui faudra dialoguer avec le passé : Coco Chanel, Karl Lagerfeld, Virginie Viard. Chaque passage de témoin a été un moment de tension et d’espoir. Aujourd’hui, le défi tient en une phrase : réinterpréter les icônes sans tomber dans la nostalgie ou la surenchère.
Les classiques Chanel, tailleur en tweed, petite robe noire, marinière, perles, pourraient bien connaître une nouvelle jeunesse sous l’impulsion de Blazy. Sa signature ? L’épure, le goût du geste juste, la capacité à transcender les ateliers historiques de la rue Cambon. Il sait s’appuyer sur les métiers d’art et faire émerger la modernité dans la discrétion.
Le secteur tout entier observe : jusqu’où ira-t-il pour bousculer le vocabulaire de la maison ? Les attentes sont à la hauteur de l’événement : les professionnels oscillent entre envie de continuité et soif de nouveauté. Les prochaines collections, qu’elles soient couture, prêt-à-porter ou plus expérimentales comme Beach Coco Neige ou la collection métiers d’art, donneront le ton. Reste à voir la réaction du public : connaisseurs ou simples curieux, tous guetteront le premier pas de Blazy, prêts à mesurer la portée de cette nouvelle étape pour Chanel.


